Lady Helen, Le Pacte des mauvais jours – Alison Goodman

Le deuxième tome aura trôné fièrement dans ma bibliothèque tout l’été mais je l’ai enfin sorti et j’ai pris énormément de plaisir à retrouver Helen ainsi que ses compagnons de fortune (ou pas, d’ailleurs). Alison Goodman est, à sa façon, une magicienne car elle réussit à me transporter en plein coeur de cette société londonienne où les ténèbres rôdent tout autour de nous… Et rien n’est laissé au hasard !

I N F O R M A T I O N S

Lady Helen- Alison Goodman

Le Pacte des mauvais jours, deuxième tome – 2017

ÉDITEUR : Gallimard Jeunesse

NOMBRE DE PAGES : 592

GENRE : Fiction historique / Fantastique 

THÈMES : Angleterre 19e siècle / magie / mystère

RÉSUMÉ

Brighton, été 1812…
Chassée par son oncle, lady Helen a trouvé refuge dans la station balnéaire à la mode. Déguisée en homme, elle s’entraîne avec lord Carlston à développer ses étranges pouvoirs. Lorsqu’au cours d’une soirée mondaine elle croise le duc de Selburn, Helen se retrouve au cœur de la rivalité entre les deux hommes. Mais ses propres sentiments ne pèsent guère au regard des intérêts du Club des mauvais jours. L’un de ses membres éminents est venu lui confier une mission très délicate…

AVIS

Les événements du premier tome ont marqué Helen mais également ses proches : son entrée dans la bonne société londonienne ne s’est pas du tout déroulée comme prévue : Helen est une Vigilante, appartenant à la société secrète du Club des mauvais jours. Sa mission ? Protéger les êtres humains des Abuseurs, des êtres capables d’incarner le corps d’hommes et de femmes en se nourrissant de leur énergie. Propulsée dans ce nouveau monde, Helen doit tout apprendre, mais, surtout, doit renoncer à une vie si longtemps imaginée… Chassée de la maison de son oncle, Helen trouve refuge auprès de lady Margareth et de son frère dans la station balnéaire de Brighton. Cependant, mettre de la distance avec son ancienne vie mais aussi ses anciennes connaissances ne semble pas suffire puisque tout rattrape Helen, dont le beau duc de Selburn. Les intrigues amoureuses se poursuivent dans cette suite, et Alison Goodman ne cesse de nous surprendre au fil des révélations. Le triangle amoureux entre Lord Carlston / Helen / le duc de Selburn prend plus d’importance et de relief, ce qui fait tanguer le coeur du lecteur… Mon coeur était aux prises jusqu’à la fin du récit, je peux vous l’assurer !

Ce deuxième tome explore plus en détails le Club des mauvais jours, cette société secrète travaillant de paire avec le gouvernement anglais mais dans la plus grande discrétion. L’auteure ne nous ménage pas et, surtout, ne ménage pas Helen. Lady Helen est un récit fort, qui a à coeur de montrer les conditions des femmes au sein du société patriarcale forte où la figure féminine ne vit qu’au travers du mariage, des réceptions données ou auxquelles elles participent, et des « activités » typiquement féminine comme la couture. Alison Goodman en fait une critique au travers du personnage de Helen, mais aussi de sa dame d’atour Darby : elles brisent les codes. Helen, de part son statut de Vigilante, n’est pas une jeune aristocrate comme les autres et doit renoncer à diverses choses, notamment son « intégrité » féminine et cela passe par le fait qu’elle doit se travestir en garçon pour accéder à des lieux clés du récit. Les intrigues vont crescendo et les révélations sont intenses : il y a une vraie atmosphère et tension dans les chapitres. J’ai beaucoup apprécié que l’auteure s’attarde sur des aspects « spécifiques » qui font le Club des mauvais jours une société à part entière : il existe beaucoup de rituels / beaucoup de termes techniques et on devient vraiment beaucoup plus familier avec son fonctionnement dans ce deuxième tome. Le premier tome effleurait simplement sa composition et son rôle, au sein de la société, mais ici on est face à beaucoup plus de concret, et j’ai vraiment trouvé ça super !

Le récit jalonne l’émancipation de la figure féminine au fil des intrigues et des révélations, et Alison Goodman le fait avec une finesse mais aussi une justesse déconcertantes. Dans cette continuité et cette idée, l’auteure critique la position de l’homme vis à vis de la femme notamment au travers du duc de Selburn qui ne supporte pas l’idée de ne pas venir en aide à Helen, même si elle n’en a pas besoin. Il y a cette idée que la femme ne peut réussir seule dans le regard masculin, ce qui m’a assez agacé ! Le duc a tendance à être terriblement chiant, disons les choses clairement. Une nouvelle figure féminine fait son apparition aux côtés de Helen dans cette suite : Delia ! L’auteur l’évoquait dans le premier tome et je suis assez étonnée de voir qu’elle détient un rôle assez « important » dans cette suite. Avec Darby, Delia vient compléter une triade de figures féminines fortes dans ce récit. J’apprécie énormément le fait que l’auteure brosse des portraits de personnages divers, avec leurs fragilités et leurs forces. L’auteure soulève également des thématiques « tabous » pour la société et l’époque comme l’homosexualité. Elle l’évoque assez rapidement et j’espère que ce sujet pourra être abordé dans le troisième tome.

Les tensions politiques / querelles de pouvoir prennent forme également et occupent une grande place dans la trame de fond. Cela apporte un vrai dynamisme à l’histoire mais aussi un rythme à notre lecture. Chaque personnage n’est pas tout blanc ou tout noir, l’auteure nous montre des personnages devant prendre des décisions sur l’instant T, Il y a un jeu de pouvoir très intéressant dans cette suite et les révélations finales ne font qu’accroître la tension accumulée dans les derniers chapitres. Vous l’aurez compris, ce fut une excellente lecture, je suis curieuse de découvrir le troisième tome même si un peu triste d’avance de quitter cet univers.

Merci et à bientôt !