Au Bonheur des Dames, mon classique de 2018

BONJOUR – BONSOIR

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Je reviens pour une nouvelle chronique, concernant une oeuvre assez connue, du moins je l’espère. Je continue de remplir mon challenge livresque peu à peu : je viens de terminer le classique par excellence : Au Bonheur des Dames d’Émile Zola. À ma grande surprise, cette lecture entre dans mon top « coup de cœur livresque ». Je pensais apprécier mais à pas ce point ; j’avais déjà entamé cette lecture lorsque j’étais au collège, j’avais bien aimé mais sans plus. J’ai, alors, décidé de le sortir de ma bibliothèque et de m’y replonger. J’ai redécouvert tout un monde ! Et ce que j’ai le plus adoré, je pense, est le simplicité de l’écriture : Zola m’a tenu en longueur pour une histoire d’amour sur 513 pages. Vraiment ce n’est qu’à la dernière page que j’ai appris le fin mot de cette idylle… Si on compare aux lecture « d’aujourd’hui » où la plupart du temps, l’héroïne succombe au bout de 100 pages… C’est tout un bouleversement !

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I N F O R M A T I O N S
Les Rougon-Macquart – Émile Zola
Onzième livre, Au Bonheur des Dames– 1883
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 542
Genre : Classique
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★★★★★

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RÉSUMÉ

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Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace.

Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

MON AVIS

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Zola nous fait languir tout au long de son roman… Le lecteur découvre Denise, qui arrive à Paris avec ses deux petits frère suite aux décès de ses parents. Elle se présente chez son oncle, mais ce-dernier lui apprend la faillite des magasins face au géant qu’est le Bonheur des Dames, tenu par Octave Mouret. Ainsi, on découvre deux personnages complètement antagonistes : Denise, enfant chétive, qui n’a que seule préoccupation, celle de subvenir aux besoins de ses frères. Octave Mouret, extrêmement confiant,  lui a le besoin de l’argent, de la gloire et des femmes. A plusieurs reprises, Zola annonce qu’une femme viendra prendre la revanche de toutes les autres, celles qui ont été séduites par Mouret. Bien sûr, ce dernier n’y crois pas et continue son ascension sociale : il voit grand. Il rêve de faire du Bonheur des Dames, un vrai « coloss » financier, il fait fermer toutes les petites boutiques, se démarque tant qu’il le peut.

Ainsi, on voit l’évolution de ces deux personnages. Denise, nous apparaît comme un eenfant au début du roman : elle arrive de Valognes, elle parvient à entrer au Bonheur des Dames mais les premiers temps sont durs. Elle fait face aux critiques de son rayon, des autres vendeuses / vendeurs et même des patrons. Pourtant la jeune femme essaie de réussir, elle se donne du mal pour subvenir aux besoin de ses frères  : Pépé, un enfant qu’elle laisse en pension chez une Dame et à qui elle doit payer un « loyer » tous les mois, et Jean, adolescent dans les excès de l’amour, ce-dernier parvient à se mettre dans diverses situations où il doit sans cesse emprunter de l’argent à Denise. Ainsi, Zola nous décrit la dureté de la vie parisienne, la dureté des concurrences entre les commerces, comment le « moderne » mange les petits commerces. Denise est prise dans ces rouages et évolue au fil du roman, ainsi on la voit prendre de l’importance, même aux yeux de Mouret.

Mouret, dès l’arrivée de Denise, se sent troublé par elle mais n’y tient pas compte du moins au début. Ayant réussi dans le commerce, il a pour objectif de dépasser son chiffre d’affaire tous les ans. Ainsi sa préoccupation est la richesse, la renommée auprès du peuple parisien. Il voit dans le Bonheur des Dames, un moyen de « dominer » la femme, d’agrandir sa puissance. Son magasin représente vraiment une partie de lui, comme un morceau de son âme, c’est vraiment l’impression que Zola nous montre, sur les 300 premières pages. Mais peu à peu, on voit se profiler dans l’ombre un changement intense : l’amour. Et pas l’amour de 2018, non celui de 1865. Il y a tout une attente, tout un mystère qui se fait sur ce sentiment.

Mouret, dans sa vie de jeune homme, a pris le goût du luxe des maîtresses âgées ; pour lui c’était une manière d’entretenir un réseau au travers de femmes puissantes pour accéder à des personnages clés, comme le Baron par exemple. Ces personnages lui sont essentiels pour l’expansion de son « empire », de son commerce. Mais avec l’arrivée de Denise, Mouret voit en cette « enfant » quelque chose qu’il n’avait pas connu auparavant. Il est déstabilisé par cette femme, qui arrive de la campagne, qui n’est pas « jolie », qui n’est pas apprécié par ses consœurs du rayon de vente. Cependant, l’amour que porte Mouret envers Denise ne cesse de grandir en même temps que Zola nous décrit l’ascension sociale de la jeune femme. Après un premier essai, qui a été un vrai désastre, au Bonheur des Dames, Denise y revient et elle conquit véritablement tout le temps. Cette ascension sociale est, elle même, parallèle à l’ascension du Bonheur des Dames qui s’agrandit encore et encore. De vendeuse, elle passe Seconde puis on ouvre un rayon pour enfants, pour elle et elle passe Première. Son calme, sa gentillesse lui confèrent une certaine autorité puisque tout le monde se plie à ses besoins, à ses demandes. Mouret est réellement sous le charme de Denise, voire sous son emprise : il ne vit que pour elle, l’argent ne lui importe plus, il ne sort plus et coupe les ponts avec ses maîtresse, mais Denise se refuse, tout le temps, sans cesse.

Zola, au travers du personnage de Denise, introduit celle qui « se vengera pour toutes ». Dès le début du roman, cette femme est annoncée par les collègues de Mouret ; à plusieurs reprises le jeune patron est mis en garde. Cependant il n’y tient pas rigueur, à chaque fois persuadé que c’est faux. Mais Mouret baisse les armes, il est forcé de reconnaître la supériorité de Denise qui excelle dans tout, allant même jusqu’à renoncer à son idée de ne pas se marier. Pourtant, à la fin du roman, Mouret tient une morale assez belle ; en effet, le mariage apporte la puissance et le confort, la santé, le nécessaire pour vivre. J’ai vraiment attendu 513 pages pour avoir LE dénouement final, pour voir si Denise allait enfin avouer ses sentiments, si elle allait enfin céder. Et je peux vous dire que les 513 pages étaient d’un côté, vraiment longues, lentes et d’un autre, j’étais tellement happée par l’histoire : il fallait que je sache. Cela change complètement des nouvelles histoires d’amour où les personnages ne mettent qu’une centaine de pages (et encore !) à se mettre ensemble.

Outre ce suspens autour de cette histoire d’amour, Zola fait avant tout une roman plutôt historique. L’auteur nous dépeint la vie à la Capitale en 1865 et les conditions des petits ouvriers. Le commerce tenu par Mouret est une véritable machine, un travail à la chaîne, un véritable monstre qui se nourrit de milliers de personnes ! Et déjà j’ai été assez étonnée car j’ai découvert des choses que je ne soupçonnais absolument pas. Le Bonheur des Dames a un service de livraison extrêmement bien ficellé et un service de livraison à l’étranger, avec la lecture des lettres, les réponses,encore une fois bien cadré. Le Bonheur des Dames, est un vrai « coloss », qui empiète sur les petites boutiques de sa rue et qui, peu à peu, prend tout Paris , du moins tend à prendre tout Paris. Les conditions de travail son vraiment mises en avant avec la question du salaire, la question du lieu d’habitat…  Denise fait face à de nombreux commérages au sein des rayons, et au début du livre on voit vraiment une méchanceté très crue ! La vitesse à laquelle les rumeurs se répandent : par exemple, Jean, le frère de Denise, lui envoyait des lettres sur son lieu de travail. Ce détail a suffi pour dire que Denise recevait les lettres de son amant et les commérages se sont démultipliés. De plus, Zola évoque, assez brièvement mais d’une façon marquante, un cas de « harcèlement sexuel » je dirais, au travers du personnages de Monsieur Jouve.

Le roman, bien que classique et tout à fait banal à première vue, recèle de véritables petits trésors : une histoire d’amour qui tient le lecteur en haleine et en longueur, des sujets de société mis en avant et critiqués et enfin, tous l’aspect historique, la découverte de la vie en 1865. J’ai vraiment apprécié découvrir une ribambelle de profils, de personnages : ces grandes Dames de la Capitale, ces Dames puissantes qui se réunissent dans les Salons, ces maris à bout de force, ruiné… Zola nous présente toute une palette de personnages, tous avec un « problème » précis, lié à l’argent, à la dépense et cela reste très subtil, cela ne saute pas aux yeux directement. De plus, Zola avec ce roman a une plume assez fluide et les longues descriptions passent sans problème. Ici il y a énormément de descriptions : cela va de la description des étoffes, de la disposition de la mise en place dela boutique jusqu’au fonctionnement du commerce. Tous les thèmes sont traités (de près ou de loin).

Au Bonheur des Dames a été un vrai plaisir livresque. Je pense que cela m’a un peu « renoué » avec les classiques, j’en gardais un assez mauvais souvenir avec la lecture de La Tentation de Saint-Antoine de Flaubert et là je me suis vraiment éclatée dans cette lecture. J’ai trouvé l’histoire vraiment prenante, un peu comme si je remontais une ‘piste’. Ce que j’ai le plus aimé, mais vraiment vraiment vraiment le plus aimé (oui on voit que je suis enjouée), est le fait que j’ai dû attendre jusqu’à la dernière ligne, d’arriver à la page numéro 513 pour connaître la décision de Denise. Pour savoir enfin si Mouret et Denise allaient finir ensemble. Et encore, je ne me sens pas vraiment satisfaite car j’ai une réponse mais sans en avoir une… Enfin bref, je suis heureuse quand même !

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J’espère que cette chronique vous aura plu voire convaincu de lire ce classique ahah ! En attendant, je pense regarder le film, j’ai vu qu’il y en avait un disponible sur Youtube. J’ai essayé de ne pas tout dévoiler de l’histoire car, vraiment, il y a tellement à dire ! Si vous l’avez-lu, je suis curieuse de connaître votre avis, donc n’hésitez pas.

J’ai également vu que j’avais atteint les 50 abonnés. Je suis vraiment heureuse, c’est une grande avancée pour moi et pour le blog. Donc merci à vous de me suivre et d’apprécier mes chroniques !

A très vite pour un nouvel article !

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